Paris, 24.10.1946
Cher ami,
La semaine prochaine, nous essayerons de publier ton étude sur le style, et cela me coûtera une formidable engueulade de la part du Comité national (car il existe un Comité national !) qui est assez réfractaire aux choses du cinéma, ainsi qu'a celles de l'Esprit d'ailleurs... À tel point que, pour éviter de tout envoyer promener par suite de son insistance à me considérer comme le dernier des imbéciles, j'ai dû cesser d'écrire mes articles hebdomadaires. Cela me permet de me consacrer à mes poésies et à ma pipe. Il paraît que les lecteurs du Libertaire ne prennent aucune espèce d'intérêt à la lecture de mes << conneries >> ! C'est possible, après tout. Excuse-moi de te raconter tout ça qui évidemment ne te concerne pas, mais il y a des moments où, exténué par la stupidité bourbeuse de nuées de cuistres opiniâtres, on est obligé de faire appel à des hommes dont les facultés intellectuelles ne sont pas en froid avec la subtilité.
J'espère que le financier qui se dispose - le malheureux ! - à placer des capitaux dans notre prochain journal ne tardera pas à nous envoyer son chèque, car j'ai une violente envie d'écrire dans une feuille libre, entouré d'écrivains et non de rustres et d'ignorants abécédaires. Espérons donc, mon vieux, et à bientôt de te lire.
Amicalement.
Georges Brassens.
Cher ami,
La semaine prochaine, nous essayerons de publier ton étude sur le style, et cela me coûtera une formidable engueulade de la part du Comité national (car il existe un Comité national !) qui est assez réfractaire aux choses du cinéma, ainsi qu'a celles de l'Esprit d'ailleurs... À tel point que, pour éviter de tout envoyer promener par suite de son insistance à me considérer comme le dernier des imbéciles, j'ai dû cesser d'écrire mes articles hebdomadaires. Cela me permet de me consacrer à mes poésies et à ma pipe. Il paraît que les lecteurs du Libertaire ne prennent aucune espèce d'intérêt à la lecture de mes << conneries >> ! C'est possible, après tout. Excuse-moi de te raconter tout ça qui évidemment ne te concerne pas, mais il y a des moments où, exténué par la stupidité bourbeuse de nuées de cuistres opiniâtres, on est obligé de faire appel à des hommes dont les facultés intellectuelles ne sont pas en froid avec la subtilité.
J'espère que le financier qui se dispose - le malheureux ! - à placer des capitaux dans notre prochain journal ne tardera pas à nous envoyer son chèque, car j'ai une violente envie d'écrire dans une feuille libre, entouré d'écrivains et non de rustres et d'ignorants abécédaires. Espérons donc, mon vieux, et à bientôt de te lire.
Amicalement.
Georges Brassens.
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