Trois hommes dans un salon François-René Christiani (Ft. Georges Brassens, Jacques Brel & Léo Ferré)
- Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, êtes-vous conscients du fait que vous êtes les trois plus grands auteurs-compositeurs-interprètes de la chanson française, depuis des années et avec le même succès ?
FERRÉ : Moi, je suis conscient d’être d’abord avec mes deux confrères, qui ont un immense talent c’est vrai, mais d’abord avec deux copains. Et ça, il y a longtemps que je le désirais. Aujourd’hui, les gens n’arrêtent pas de dire : " Qu’est ce que c’est la chanson pour vous, qu’est ce que c’est la bretelle ?", ça, on s’en fout. L’important, je crois, c’est un peu d’amour qu’on peut distribuer ou recevoir, comme ca, autour d’un micro, par exemple. Maintenant, que nous fassions des chansons depuis vingt ans, qu’on y ait beaucoup travaillé, qu’on ait, comme on dit chez moi, longtemps " zugumé" sur le métier, et qu’aujourd’hui on puisse chanter tranquillement dans une salle sans savoir ni les flics ni les gens qui viennent siffler, ce n’est que justice, finalement. On fait ce qu’on peut , on dit ce qu’on a envie de dire et il n’y a pas besoin de casser des vitres pour ça.
- Vous êtes tous les trois dans la célèbre collection " Poètes d’aujourd’hui" …
BRASSENS : On n’est pas les seuls. Et pis ça ne veut pas dire grand-chose, cette façon de compartimenter…
- Vous ne vous prenez pas pour un poète, alors ?
BRASSENS : Pas tellement, je ne sais pas si je suis poète, il est possible que je le sois un petit peu, mais peu m’importe. Je mélange des paroles et de la musique, et puis je les chante.
- Je crois que Jacques Brel aussi se défend d’être un poète ?
BREL : Je suis "chansonnier", c’est le vrai mot ! Je suis un petit artisan de la chanson.
FERRÉ : Les gens qui se disent poètes, ce sont des gens qui ne le sont pas tellement, au fond. Les gens qui sont honorés qu’on les qualifie de poètes, ce sont des poètes du dimanche qui ont des plaquettes éditées à compte d’auteur… Cela dit, si on me dit que je suis poète, je veux bien. Mais c’est comme si on me disait que je suis un cordonnier qui fait de belles chaussures. Je rejoins le point de vue de Brel.
- La chanson est-elle un art, selon vous ? Un art majeur ou un art mineur ?
FERRÉ : Brassens a dit une chose vraie, " je mélange des paroles et de la musique ". Voilà ce que je fais.
BRASSENS : Eh oui, c’est tout a fait différent de ce qu’on appelle couramment la poésie, qui est faite pour être lue ou dite. La chanson c’est très différent. Même si des types comme Ferré ont réussi à mettre des poètes en musique, comme Baudelaire, il est difficile d’utiliser la chanson comme les poètes qui nous ont précédés utilisaient le verbe. Quand on écrit pour l’oreille, on est quand même obligé d’employer un vocabulaire un peu différent, des mots qui accrochent l’oreille plus vite… Bien qu’on l’aie aussi avec le disque, le lecteur a plus facilement la possibilité de revenir en arrière…
BREL : Oui, mais le disque est un sous produit de la chanson, il ne faut pas se leurrer… La chanson a été faite pour être chantée, pas en fonction d’un disque à diffuser.
FERRÉ : Moi, je suis conscient d’être d’abord avec mes deux confrères, qui ont un immense talent c’est vrai, mais d’abord avec deux copains. Et ça, il y a longtemps que je le désirais. Aujourd’hui, les gens n’arrêtent pas de dire : " Qu’est ce que c’est la chanson pour vous, qu’est ce que c’est la bretelle ?", ça, on s’en fout. L’important, je crois, c’est un peu d’amour qu’on peut distribuer ou recevoir, comme ca, autour d’un micro, par exemple. Maintenant, que nous fassions des chansons depuis vingt ans, qu’on y ait beaucoup travaillé, qu’on ait, comme on dit chez moi, longtemps " zugumé" sur le métier, et qu’aujourd’hui on puisse chanter tranquillement dans une salle sans savoir ni les flics ni les gens qui viennent siffler, ce n’est que justice, finalement. On fait ce qu’on peut , on dit ce qu’on a envie de dire et il n’y a pas besoin de casser des vitres pour ça.
- Vous êtes tous les trois dans la célèbre collection " Poètes d’aujourd’hui" …
BRASSENS : On n’est pas les seuls. Et pis ça ne veut pas dire grand-chose, cette façon de compartimenter…
- Vous ne vous prenez pas pour un poète, alors ?
BRASSENS : Pas tellement, je ne sais pas si je suis poète, il est possible que je le sois un petit peu, mais peu m’importe. Je mélange des paroles et de la musique, et puis je les chante.
- Je crois que Jacques Brel aussi se défend d’être un poète ?
BREL : Je suis "chansonnier", c’est le vrai mot ! Je suis un petit artisan de la chanson.
FERRÉ : Les gens qui se disent poètes, ce sont des gens qui ne le sont pas tellement, au fond. Les gens qui sont honorés qu’on les qualifie de poètes, ce sont des poètes du dimanche qui ont des plaquettes éditées à compte d’auteur… Cela dit, si on me dit que je suis poète, je veux bien. Mais c’est comme si on me disait que je suis un cordonnier qui fait de belles chaussures. Je rejoins le point de vue de Brel.
- La chanson est-elle un art, selon vous ? Un art majeur ou un art mineur ?
FERRÉ : Brassens a dit une chose vraie, " je mélange des paroles et de la musique ". Voilà ce que je fais.
BRASSENS : Eh oui, c’est tout a fait différent de ce qu’on appelle couramment la poésie, qui est faite pour être lue ou dite. La chanson c’est très différent. Même si des types comme Ferré ont réussi à mettre des poètes en musique, comme Baudelaire, il est difficile d’utiliser la chanson comme les poètes qui nous ont précédés utilisaient le verbe. Quand on écrit pour l’oreille, on est quand même obligé d’employer un vocabulaire un peu différent, des mots qui accrochent l’oreille plus vite… Bien qu’on l’aie aussi avec le disque, le lecteur a plus facilement la possibilité de revenir en arrière…
BREL : Oui, mais le disque est un sous produit de la chanson, il ne faut pas se leurrer… La chanson a été faite pour être chantée, pas en fonction d’un disque à diffuser.
Comments (0)
The minimum comment length is 50 characters.